Thomas Hache naissance d’un style Ensemble de deux armoires en marqueterie dites «armoire aux pégases» et "armoire aux mascarons" à riche décor de bois indigènes et de scagliolas bleues incrustées. Attribuées à Thomas Hache. Époque Louis XIV. H. 199 et 202 cm; L. 151,5 et 151 cm ; P. 58,5 et 59 cm. Estimation : 80 000/120 000 €.Dans la lignée des Hache, Thomas (1664-1747) est en deuxième position entre son père Noël, son fils Pierre et son petit-fils Jean-François. Publié à Dijon en 2005, Le Génie des Hache, ouvrage de Pierre et François Rouge, redonne à Thomas sa juste place en tant que maître ayant imaginé des décors de marqueteries d’essences variées de bois et d’ornements naturalistes, la naissance du style Hache.Son parcours débute à la mort prématurée de son père en 1675. L’atelier familial est repris par son beau-père, Guillaume Offré, qui empêche l’ascension des enfants Hache. Thomas quitte alors Toulouse pour effectuer son apprentissage, qu’il réalise, semble- t-il, à Paris sous la coupe de Pierre Gole. Vers 1689-1693, son tour de France le mène à Chambéry. Il arrive enfin à Grenoble vers 1693-1695 et se marie, en 1699, avec la fille de son maître, Françoise Chevalier. Il reprend la boutique de son beau-père défunt, rue Neuve, l’actuelle rue Voltaire, et se met à poser l’estampille de «Hache à Grenoble» sur ses meubles avant même l’obtention de son brevet d’artisan et de son titre d’ébéniste ordinaire du duc d’Orléans, gouverneur du Dauphiné, en 1721. Son passage par Chambéry est peut-être l’une des clés de la création de son style et, plus particulièrement, de nos armoires. En effet, la Savoie, alors sous domination italienne, pratique la marqueterie et les incrustations de bois indigènes qui favorisent le jeu des couleurs. S’éloignant des meubles en ébène fabriqués à l’époque, ce changement de style trouve un écho à Paris en la personne d’André-Charles Boulle qui se sert de son côté de l’écaille de tortue et du cuivre au lieu des bois fruitiers noircis et des essences exotiques colorées. Thomas découvre à Chambéry un vocabulaire ornemental faisant décliner feuillages naturalistes, bouquets, entrelacs et arabesques. Mais, une autre technique nous intéresse au premier chef : la scagliola. Mise au point en Italie afin d’imiter la marqueterie de marbres, elle est présente sur nos deux armoires sous forme de pierres bleues à l’imitation du lapis-lazuli. Le même procédé se retrouve sur un coffret attribué à Thomas Hache aux armes de Claude Petit, écuyer et secrétaire de Louis XIV, et sur une armoire photographiée dans l’ouvrage de Pierre et François Rouge, dite «aux armes de Savoie», datée de 1690-1695. Ainsi, à la suite de commandes de personnages de la cour, ce modèle d’armoire vit sa genèse en Savoie. |